QUAND LE DÉSIR NE VA PAS DANS LE MÊME SENS – BISEXUALITÉ MASCULINE ET COUPLE LIBERTIN

Il arrive que certaines questions, posées en toute sincérité, révèlent des zones sensibles que beaucoup préfèrent taire. Celle-ci en fait partie. Elle évoque un couple qui, dans un cadre libertin a priori ouvert et complice, se retrouve confronté à une difficulté inattendue : celle d’une orientation que l’un assume, et que l’autre peine à accueillir. Ce n’est plus seulement une question de pratiques ou de limites, mais de reconnaissance mutuelle, d’identité, de sécurité affective. Derrière ce déséquilibre soudain, il y a deux vécus, deux émotions, deux façons de chercher à aimer librement… sans se perdre. C’est de cela que j’aimerais parler ici.

LIBERTINAGE ≠ ACCEPTATION AUTOMATIQUE

Beaucoup pensent que les couples libertins acceptent tout, essayent tout, valident tout. C’est un cliché. Le libertinage, ce n’est pas l’absence de limites: c’est l’art de les poser ensemble, en conscience, et d’en parler quand elles évoluent. Là, ce qui te blesse, c’est que toi, tu es en train d’évoluer (ou simplement de t’assumer), et qu’en face, tu reçois un refus. Un blocage. Peut-être même un silence gêné.

Et tu te demandes: ‘Est-ce qu’elle m’aime encore si elle n’accepte pas cette part de moi ?‘.

SE CACHER OU S'IMPOSER: DEUX PIÈGES

Quand ce genre de tension surgit, il y a deux réflexes classiques: se taire pour éviter les conflits, ou forcer les choses pour obtenir une reconnaissance. Aucun des deux n’est sain. Se taire, c’est se mutiler intérieurement. Forcer, c’est risquer la cassure.

Il faut ouvrir un espace. Pas pour la convaincre, mais pour lui faire comprendre. Tu n’as peut-être pas besoin qu’elle participe à tes envies bisexuelles. Mais tu as sans doute besoin qu’elle les reconnaisse. Qu’elle ne les nie pas. Qu’elle n’en ait pas honte à ta place.

Par exemple, tu pourrais lui dire: ‘Je n’ai pas changé. Je suis toujours l’homme que tu aimes, celui avec qui tu explores et partages, mais j’ai envie d’être plus vrai avec toi. Cette attirance, je ne la choisis pas. Elle fait partie de moi. Je ne te demande pas de l’aimer, mais de ne pas la rejeter‘.

Et ensuite, laisse-lui du temps. Laisse-lui le droit de poser ses questions. De dire ce que ça lui fait.

CE QU'ELLE RESSENT N'EST PAS 'CONTRE' TOI

Ce n’est pas rare que des femmes se sentent déstabilisées par la bisexualité masculine. Elles peuvent avoir peur que leur rôle de complice ou de maîtresse soit remis en cause. Peur que tu ne la désires plus, ou qu’elle ne ‘suffise plus’. Ce sont des peurs irrationnelles, mais bien réelles.

Si tu veux l’aider à les dépasser, il faut que tu restes solide dans ce que tu ressens, sans colère, sans culpabilité. Si tu vacilles, elle pensera que c’est dangereux. Si tu restes calme, clair, sincère, elle verra que ce n’est pas une rupture de votre lien, mais une extension possible. Une ouverture à nommer, pas une trahison à punir.

ET SI ELLE NE CHANGE PAS D'AVIS ?

C’est une possibilité. Il faut l’admettre. Certaines personnes ne sont pas prêtes à intégrer la bisexualité de leur partenaire, même dans un cadre libre. Cela ne veut pas dire que vous n’avez plus d’amour, ni que votre couple est condamné. Mais ça oblige à un choix: vivre une sexualité en fragments ou redéfinir les règles du jeu?

Certains couples trouvent des équilibres: chacun explore de son côté certaines choses, avec des accords clairs. D’autres couples se rendent compte qu’ils n’étaient pas aussi alignés qu’ils le pensaient. Ce n’est pas un échec, c’est un passage. Et parfois, ces passages révèlent des forces qu’on ne soupçonnait pas.

TU N'ES PAS SEUL

Tu es loin d’être le seul homme dans ce cas. Beaucoup découvrent leur bisexualité tardivement, ou n’osent pas en parler dans leur couple de peur de tout foutre en l’air. Mais cette peur est souvent liée à un imaginaire rigide: ce que doit être un homme, ce que doit être un couple, ce qu’on a le droit de désirer. Or le libertinage — le vrai —, c’est justement un espace pour faire tomber ces cadres.

Alors si tu sens que cette part de toi a besoin de vivre, n’en fais pas un caprice, ni une revendication. Fais-en une vérité. Une vérité que tu offres à l’autre, sans la lui imposer. Et si elle n’est pas prête… au moins, toi, tu te respectes.

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